Mes amours secrètes (1)

Raphe tourna ses prunelles vers moi, et m’offrit son sourire gratis. Et, j'en fît autant.

Sur les pétales de lilas par dessus lesquels, royaux, nous triomphions, ceux-ci par leurs bruits qui riment nos pas, nous servaient des versets d'amour. Nous nous étions retrouvés, comme si c'était lors d'une rencontre de routine sur un vague sentier nous menant dans l'ignorance. « Innocent on y va, il l'heure », me glissa t-elle ! Mais rien, ni du temps, ni du lieu dont elle parlait, ne régnait en ma mémoire que l'instant présent où, pour la première fois certainement, Raphe me dit que je lui ai plu. De nos pas timides, nous partions comme pour atteindre l'horizon et cet astre du soir qui, sans raison aucune, nous chicanait par sa chaleur.

Son bras autours du mien accroché, mon amante me nourrissait au gré de sa muse avec sa voix éthérée, de promesses tout en me menant dans l'aventure de notre avenir que maîtrisent mieux seuls les thaumaturges, comme pour provoquer le besoin chez moi d'en faire davantage. Elle me demandait par moment pourquoi Éros1 nous aurait-il tant béni ? Mais je me suis toujours senti fort indifférent aux quelconques mansuétudes, si ce n'est la sienne; en tout cas, des dieux si ce n'est le bon, peu me chaut en ma nature. Je continua la route avec elle, peut-être la fleur au fusil, puis entrâmes dans une Église. Alors, sans plus réellement savoir ce que Raphe ambitionnait, elle me prohiba toute objection. Je satisfis malgré moi son désir. Et elle me fît rendre comme un prisonnier d'amour chez le prêtre afin que celui-ci implore en notre faveur, davantage de piété et de sagesse pour des post-pubères que nous restions.

Quelques minutes s'en suivirent sans que je m'en rende compte. Que s'était-il passé ? Je n'en étais pas conscient, si ce n'est quelques mots des phrases qui condamnaient depuis la nuit des temps aux noces. Étions-nous mariés ? Lui avais-je demandé. D'un regard prompt et émotif sans qu'elle n'ait aucune contrainte à le manifester, elle ne nia point, mais n'eut pas de peine à rectifier que ce n'était qu'une petite bénédiction; Et d'un sourire, elle m'aima. Pris entre le marteau de la passion et l'enclume de l'amour, je me suis proposé d'ignorer, n'était-ce que pour cet instant, le monde pervers des humains auprès duquel, le vrai amour qui en nous brûlait, avait perdu son droit de cité. Raphe ne manqua pas le dernier rituel de ce mariage que seuls elle et son prêtre, avaient célébré en notre nom.- Et elle me décerna son baiser. Je l’accueilli.- Je n'avais pour autant rien à perdre. Ce qui, du coup me vint à l'esprit, ce sont les nuits de noces. Et comme si l'amour avait aussi ce pouvoir d'unir nos pensée, elle souffla la même chose dans le creux de mes oreilles dociles. Mais alors, où allions nous les passés ? Elle me chuchota ensuite qu'à ses yeux, mon effroi n'était pas fondé, et qu'elle avait d'ailleurs de quoi le dissiper. Nous partîmes alors…

A suivre...

 

1: Dieu de l'amour dans le mythologie grecque

                                                                                     ©Innocent Azilan,

                                                                           Mes amours secrètes.

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